David Cousin Marsy

Vu en Ville rend compte d’une exploration des non lieux, des lieux communs, des espaces désaffectés, abandonnés, des espaces traversés uniquement, dilués dans la quotidienneté : dénicher ce qui fait repère et ce qui nous échappe.

A l'origine, mon intérêt pour la photo résulte de besoins ou d'envies toutes simples, passer du temps au dehors, parcourir les rues, observer les gens au hasard de mes déambulations. J'étais fortement influencé par la photographie humaniste. Le noir et blanc s'est donc imposé.

Je me souviens également d'un reportage qui a déclenché l'envie de la photo. Un photographe avait filmé une scène de rue. Le film paraissait banal, rien de particulier n'accrochait l'oeil. Dans un second temps le photographe repassait le film, cette fois-ci en figeant l'image à l'instant où il aurait déclenché son appareil photo. C'était alors une image riche de sens qui apparaissait, qui avait été diluée dans le mouvement de la vidéo et qui tout à coup se révélait à nous. Une image construite qui aimantait le regard. J'avais donc envie de devenir ce révélateur. Un peu plus tard j'ai mis un nom sur ce qui m'avait donné envie de photographier, le fameux instant décisif de Cartier Bresson.

Ayant quitté mon nord natal pour travailler à Paris, je me suis retrouvé dans une ville qui a orienté ma démarche. Très vite la couleur s'est imposée, avec une thématique très orientée sur l'urbain, peu à peu les gens disparaissent de mes photos. Ma démarche photographique rend compte d'une exploration des non lieux, des lieux communs, des espaces désaffectés, abandonnés, en attente d'une nouvelle affectation, des espaces traversés uniquement, dilués dans la quotidienneté. Je pose mon regard sur des éléments tellement présents dans notre environnement de tous les jours, qu'ils ont fini par devenir invisibles, trop banals pour susciter l'intérêt d'un regard. Je leur redonne donc un cadre avec un parti pris esthétique très graphique, privilégiant les formes simples, géométriques, les cadrages frontaux. Ce qui me motive c'est dénicher ce qui fait repère dans la ville contemporaine et qui pourtant nous échappe.

Mon appareil fétiche est un vieux petit Rollei 35T sans aucun automatisme, c'était l'appareil qu'utilisait Hervé Guibert et qui me faisait rêver. J'aime son piqué, le rendu des couleurs vintage et le grain. J'utilise également un reflex numérique (canon EOS 20D) pour bénéficier de grands angulaires. J'apprécie peu le rendu trop lisse et métallique des images numériques, je les retravaille souvent dans photoshop pour leur donner un peu plus de "vibrations". Je rêve d'acquérir un moyen format.