Le pilier des anges
Un jour, Erwin de Steinbach faisait sa visite parmi les travaux, quand il aperçut un petit bonhomme qui observait le pilier des anges en hochant la tête et en haussant une épaule avec dédain
Maître Erwin lui demanda si le pilier ne lui plaisait pas, à quoi répondit l’autre : »Je ne sais quel est l’architecte qui peut croire que ce pilier tiendra longtemps. Ce pilier ne supportera jamais le poids de la voûte. Il s’écroulera, et on comptera un malheur de plus dans cette belle cathédrale qui à déjà tant de fois souffert de la foudre du ciel et de la barbarie des humains. »
« Suivez-moi ! » dit Maître Erwin. L’autre ne se fit pas prier, songeant avec orgueil que le maître allait lui demander ses conseils durant un entretien grave et particulier. Mais Erwin de Steinbach l’emmena vers la loge des tailleurs de pierre, où il choisit un bloc ; attaqua le bloc à grands coups de ciseau et force coups de marteau ; et il fixa les traits de celui qui avait la langue bien pendue. On le voyait, frappant de ressemblance, en regardant en l’air.
Le travail fini, maître Erwin invita le petit bonhomme à le suivre encore. Ils gagnèrent la porte de la chapelle Saint-André. Là, le maître de l’œuvre monta sur une échelle et fixa la petite image de pierre sur la balustrade. « Restez-là, et ne bougez pas, monsieur le critiqueur ! Vous allez attendre que le pilier tombe. Jusque là, défense de remuer ! Je vous souhaite du plaisir jusqu’à la fin du monde ! » Le petit bonhomme est toujours en place surveillé à distance par le chien du maître d’oeuvres sculpté sur le-‘escalier de la chaire .
Odette LEFEBVRE 14/06/2020 10:48
tres jolie lumière bravo