abbaye thoronet 83 var
L'architecte Fernand Pouillon a imaginé, dans son roman Les Pierres sauvages, un récit de la construction de l'abbaye au XIIe siècle, sous la forme du journal du premier père prieur de l'abbaye.
Après que Le Corbusier a visité l’abbaye du Thoronet en 1953, Pouillon fait vivre, en 1964, la vision de son personnage, « le maître d'œuvre de l'abbaye ». Il exprime de manière très vivante l'émotion que lui procure la vue des pierres utilisées dans la construction :
« La plupart des pierres seront traitées rudement, grossièrement : nous gagnerons du temps. Le soleil accrochera les facettes, les éclats, et fera précieuse la matière scintillante. Les anges, les joints dressés, ciselés, deviendront les pures arêtes, définiront le filet de la maille élémentaire, par la discrète diversité des fins appareillages que nul mortier apparent n'insensibilisera (...) Voilà pourquoi je ne veux pas la bâtir, l'engluer de chaux; je veux lui laisser un peu de liberté, sinon elle ne vivrait pas2. »
L’harmonie et la pureté de cette abbaye sont frappantes. Elle est construite à partir de la notion même de simplicité :
« Il n’est de vertu plus indispensable à nous tous que celle de l’humble simplicité. » (Saint Bernard)
L’abbaye du Thoronet est une des « trois sœurs provençales », les deux autres étant Sénanque (Vaucluse) et Silvacane (Bouches-du-Rhône).
Elle doit probablement beaucoup à l’abbé Foulques, mort en 1231. D’abord troubadour, il est ensuite abbé du Thoronet avant d’être évêque de Toulouse. C'était un proche de saint Louis, protecteur de l’Ordre.
L’abbaye a connu beaucoup de restaurations à partir du XIXe siècle, mais qui semblent être assez fidèles à la construction originelle. Elle se cache parmi les chênes dans un site sauvage et isolé qui s'accorde bien avec la règle rigide de l'ordre de Cîteaux.
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