Madonna del Ghisallo (3)

Madonna del Ghisallo (3)

J'en ai déjà montré des vues de détail. C'est le sanctuaire des cyclistes en Italie, officiellement consacré par le pape Pie XII. Au cours d'une de mes chevauchées à travers les Alpes, du Liechtenstein au Tyrol du Sud, j'avais prévu d'y faire un passage. Il n'a pas été facile d'arriver jusque là: le temps était beau au départ de Vaduz, mais s'est embrumé dans la descente de l'Oberalppaß vers Andermatt, où nous avons passé la nuit après avoir dégusté une fondue avec plaisir en plein été. Le lendemain, il pleuvait, mais il fallait bien aller plus loin. Ce n'est que le surlendemain que nous avons passé le col du Saint Gothard, la frontière entre les climats, et après la descente sur Airolo, nous avons vu les premiers palmiers à Bellinzona. À partir de là, tout était au beau fixe. Nous sommes passés en Italie à Chiasso, avant d'atteindre le lac de Côme (ou plus exactement le Lario, parce qu'il y a aussi d'autres villes qui le bordent et peuvent au même titre le revendiquer: ne parlez jamais du lac de Genève à des personnes de Lausanne, dites simplement le lac Léman et tout ira bien...).
La chapelle se trouve au milieu de la fourche de "l'y renversé", comme on décrit simplement et pertinemment ce magnifique lac. Je pense que sa présence à cet endroit ne doit rien au hasard. Alors que j'y montais, je me suis arrêté pour remplir d'eau mon bidon à une fontaine, et en me retournant, j'ai aperçu en contrebas des ruines envahies par la végétation: il y avait eu là une chapelle, dont le porche était encore assez bien conservé, et on pouvait lire sur son frontispice "Maria viatorum", Marie des voyageurs. De tout temps, il y a dû y avoir là quelqu'un qui veillait sur ceux qui se déplacent: les cyclistes s'en sont emparés, ma foi, ils auraient plus choisir plus mal. La chapelle surplombe le lac: le site est magnifique.
Quand nous y sommes passés, elle était fermée, ce qui est sans doute préférable pour prendre des photos, mais j'aurais bien volontiers vu aussi l'intérieur, une sorte de musée où des bicyclettes et des maillots de gloires du temps passé côtoient aussi bien le naïf ex-voto d'un jeune coureur qui a remporté sa première course de chef-lieu de canton. Je conçois que ces choses peuvent être difficiles à réaliser ou à classifier pour des personnes qui liraient ces lignes et n'auraient que peu ou pas de point de contact avec le cyclisme, mais c'est ainsi.
La chapelle vit son plus grand jour dans l'année quand la course classique du Tour de Lombardie (dite la course aux feuilles mortes, parce qu'elle a lieu en automne) passe devant, avant d'aborder le non moins mythique "mur de Sormano". la foule y est nombreuse, et on sonne les cloches à toute volée.

Diapositive scannée.