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Jean Albert Richard


Premium (World), Runkel

Narvik (2)

Ce fut l'avant-dernière rencontre avec mes accompagnateurs. Nous avons visité l'intéressant Musée de la Guerre consacré à la bataille qui se déroula d'avril à juin 1940, dont l'enjeu était le contrôle du port exportant le minerai de fer suédois de la région de Kiruna (on remarquera sur le panneau indicateur à l'arrière-plan, troisième pancarte en partant du bas à droite, que deux distances sont mentionnées, une par la route et l'autre par le train, et comme souvent en Scandinavie, la solution ferroviaire est la plus avantageuse).
La Marine Nationale y était engagée, et y a perdu le contre-torpilleur "Bison".
À terre, deux demi-brigades de chasseurs alpins faisaient partie entre autres du corps expéditionnaire: un cousin de Manigod, facteur de son état, y était, et en est aussi revenu: il a été tué accidentellement par une voiture en effectuant sa tournée à pied, comme quoi les voies du destin sont impénétrables.
De Narvik, je suis reparti le premier, la traction devant me rejoindre au bout d'une bonne centaine de kilomètres, ce qui ne devait pas se produire. À Olderbakken, un lieu-dit plutôt qu'une localité, au seul endroit où une route bifurque vers l'Est en direction de la ville suédoise Tornio, sur la mer Baltique, il y avait un de ces commerces où l'on trouve un peu de tout. Je m'y étais arrêté pour me ravitailler en laissant ma bicyclette bien en évidence. Alors que je faisais mes emplettes, j'ai été alerté par le bruit de la traction, bien reconnaissable car le pot d'échappement avait laissé quelques plumes à l'épreuve des pistes. Comme j'allais sortir de la boutique afin de signaler ma présence, j'ai vu la traction freiner puis reculer: je n'ai pas insisté, pensant que ma bicyclette avait été repérée, ce qui n'était malheureusement pas le cas. Mes accompagnateurs étaient arrivés un peu vite sur l'embranchement et avaient commencé à s'engager sur la route ver la Suède avant de s'apercevoir de leur erreur, et ils sont tout bonnement repartis vers le Cap Nord, me croyant toujours devant eux.
La suite ne se serait jamais produite si j'avais été accompagné par des cyclistes ou du moins par des personnes habituées à suivre des cyclistes. Au bout de vingt ou trente kilomètres parcourus à vive allure, ils auraient dû réaliser en faisant un peu de calcul mental que certaines choses n'étaient pas possibles, même pas pour moi.
La question de l'autonomie n'était pas un problème, mais ma veste de survêtement était dans la voiture, et quand la nuit est tombée, ce qui est façon de parler puisqu'il fait jour tout le temps, il s'est mis à faire très frais, et naturellement aussi humide, étant donné qu'il y a de l'eau partout. Jouant donc le rôle du poursuivant après celui du poursuivi, j'ai tiré tous les registres à ma disposition, ce qui s'est traduit par une énorme dépense de calories: dans les toutes premières heures de la matinée, il a fallu que je m'arrête pour m'allonger, en face de la ville d'Alta, qui paraissait proche à la toucher, mais était encore distante de plusieurs dizaines de kilomètres puisque la route allait jusqu'au fond du fjord du même nom pour revenir sur la rive opposée. Enfin arrivé tant bien que mal à Alta, une ville de 5.000 âmes réparties sur une superficie plus grande que celle de Paris, je m'y suis gavé de caviar et de beurre salé sans pain pour compenser ce que j'avais perdu en réserves, c'est-à-dire pratiquement tout.
Quelques kilomètres plus loin, la traction était arrêtée dans une prairie...
Il avait fallu plus de 400 kilomètres avant qu'on se rende compte de ce qui aurait dû être évident beaucoup plus tôt...
À partir de là, le reste n'était plus qu'une formalité. Ayant récupéré, je suis reparti pour la dernière centaine de bornes, mais cette fois-ci, la traction restait derrière moi et ne lâchait plus ma roue. Comme il s'agissait également du succès du raid, l'avertisseur se mit à fonctionner avec toujours plus d'enthousiasme, au point que j'aurais cru approcher de Brindisi comme le mois précédent.
La suite sera sous les photos qui viennent...

Verkehrsschild in Narvik
Verkehrsschild in Narvik
Jean Albert Richard


Diapositive scannée.

Commenti 3

  • oggui 20/08/2014 15:04

    Je me suis arrêté sur cette image 1° Narvik un de mes oncles fut prisonnier ici même 2° j'admire le raid parcouru à vélo , je ne suis jamais allé si loin . Bravo mais ça c'est une autre époque et que de souvenirs as-tu engrangé .
    Amitié
  • Manfred Lang 20/04/2014 17:56

    Schönes Bild, das mich an meine erste Reise nach Norwegen mit dem Auto Ende der "Sechziger" erinnert!
    Diese Tafel gibts noch heute, allerdings ist der Nordpol, um 13 km näher (?) gerückt (Kontinentalverschiebung ??? :-))) und auch die anderen Tafeln sind ergänzt oder erneuert worden! :-)))
    No wrong way
    No wrong way
    Manfred Lang

    Herzliche Grüße
    Manfred
  • claudine capello 15/04/2014 17:40

    ah ah !!!! ce qui m amuse c est qu tu ne te dèmontais js... bravo bravo bravo cl