Surboum
En tant que telle, la photo vaut ce qu'elle vaut: nous sommes bien d'accord...
Pendant les années 1960, la surboum était une véritable institution: je ne me suis pas très souvent fourvoyé dans ce genre d'évènement, où j'avais plutôt tendance à m'ennuyer, mais on ne peut pas non plus toujours rester dans son coin, ce qui ne s'appliquait d'ailleurs pas à mon cas puisque j'étais généralement quelque part sur les routes. Ce soir-là, ce fut de nouveau une de ces improvisations dont nous avions le secret, et je puis aujourd'hui encore dire très exactement quand c'était sans avoir à consulter de notes ou autres: c'était le 13 juillet 1967, donc la veille de notre fête nationale, et un chef-moniteur du centre aéré de La Courneuve avait invité qui voulait bien venir à passer la soirée, voire un peu plus, chez lui; il suffisait d'apporter quelque chose à grignoter ou à boire. Si la date m'est si précisément restée en mémoire, c'est parce que la radio avait annoncé en fin d'après-midi le décès du coureur britannique Tom Simpson sur le flanc Sud du Mont Ventoux. Tous les convives étaient de La Courneuve ou des communes avoisinantes, sauf moi, et il s'agissait pour eux de se mettre en condition pour le lendemain, tandis que mon programme était résolument différent. Tout se déroula donc comme à l'accoutumée... jusqu'à l'aube.
Et je repris le chemin de Paris à bicyclette, car un ruban de route de 1.000 kilomètres m'attendait dans les heures à venir. Cela nécessite quelques explications. Une distinction venait d'être créée, le brevet de randonneur de 5.000 kilomètres, par addition de diverses distances: il fallait avoir réalisé toute la gamme des brevets usuels, 200, 300, 400, 600 et 1.000 kilomètres, un Paris-Brest-Paris, soit 1.200 kilomètres, et une Flèche Vélocio (24 heures par équipes) qui comptait pour la distance minimale à parcourir de 350 kilomètres. On arrivait ainsi à un total de 4.050 kilomètres. Pour les 950 kilomètres restants, il y avait l'embarras du choix, brevet de randonneur des Alpes, des flèches ou des diagonales, etc... Ce n'était pas le problème.
J'avais très vite calculé que j'avais de bonnes chances d'obtenir la distinction avant d'avoir 20 ans, et il me restait encore quelques mois pour y parvenir. Seulement, à l'époque, certains brevets n'avaient lieu que très rarement, ou en province: je m'étais donc tricoté un itinéraire personnel pour chaque brevet manquant à ma collection. Le "mille" partait de Paris pour y revenir après être passé au Mans, à Angers, Nantes, Les Sables d'Olonne, Niort, Poitiers, Tours, Vendôme, Chartres et Dreux. Ce n'était rien d'autre qu'une formalité, mais les choses auraient sans doute été plus simples si quelqu'un n'avait pas apporté à notre soirée préalable du vin prétendument rosé de Provence dont l'étiquette était exclusivement rédigée en hébreu! Bien que je ne pense pas avoir abusé de ce breuvage kascher, j'ai trimbalé un mal de crâne qui m'a accompagné durant tout mon périple.
Mais bon, l'affaire était dans le sac.
Le 400 fut une partie de mon retour de Savoie à Paris fin août, et le 300 un raid vers la Picardie la veille de mon anniversaire, ce qui n'était pas la meilleure des idées possibles parce que les routes de la région sont plutôt à éviter au moment de la récolte des betteraves, à plus forte raison quand il crachine toute la journée...
Voilà toute l'histoire du brevet randonneur 5.000 Nr.: 13.
Diapositive scannée.
dominati simone 29/10/2014 12:13
Belle passion que le cyclisme ! et pas des moins pénibles physiquement .Très intéressante histoire .Merci de nous l'avoir racontée .Simoneclaudine capello 27/10/2014 17:55
rien ne t arrètait ...mais je dois dire que tes exploits sont admirables et en meme temps tellement amusants car tu les racontes avec le flegme d un anglais ...ce qui est d autant plus curieux ! bravo avec presque une cinquantaine d annèes de retard mais bravo tout de meme pour ce rècit formidable !. cl